mardi 10 mai 2011

La mort n'a pas d'âge

Céd est revenu de l'école sous le choc; un ami de sa classe est décédé hier. Problème de santé. Mon coeur a sauté un battement. J'ai aussitôt pensé aux parents, à la fratrie, à la famille, aux amis; à tous ceux qui restent et doivent apprendre à vivre sans. Des dizaines d'images se sont imposées à mon esprit, toutes empreintes de tristesse et d'incompréhension. Je n'ai pas atteint la mi-trentaine que j'ai déjà assisté à plus de funérailles d'enfants que la majorité n'en verront jamais. On ne s'habitue pas à des drames comme ceux-là. On se pose chaque fois les mêmes questions, qui demeurent évidemment sans réponse. La vie est  injuste et ça m'enrage de ne rien pouvoir faire pour que ça change...

J'ai dû expliquer la mort très tôt à mes enfants, cancer oblige. Aujourd'hui fait partie des rares moments où je remercie la vie de m'y avoir contrainte; ce fut plus facile pour Céd, à l'école comme à la maison, de comprendre ce qui se passait . Pour une fois que son vécu lui rend service...  

 En octobre dernier, lors de la rechute présumée de Céd, je suis allée dans sa classe pour discuter avec les enfants des conséquences possibles de la maladie sur la vie de mon fils. Un élève avait levé la main pour demander si Céd pouvait mourir. Je me souviens d'avoir répondu par l'affirmative tout en dédramatisant la situation. C'était quand même une classe de 3e et non des ados; ils n'avaient pas besoin que je les terrorise avec la réalité. Six mois plus tard, la réalité les a rattrapés. Triste...

Inutile de vous dire que la nouvelle a réveillé, l'espace d'un interminable moment, ma propre peur de voir mon fils partir. Je l'ai renvoyée illico regagner le coin de mémoire d'où elle avait émergée en traître. Je n'ai pas besoin qu'elle me pourrisse la vie...

Je suis pas mal moins croyante que je l'ai déjà été, mais dans ces moments-là, je ne peux m'empêcher de me tourner vers ceux qui m'étaient chers et qui ont déjà quitté mon univers; où qu'ils soient, j'espère qu'ils veillent sur Céd... On se réconforte comme on peut...

4 commentaires:

  1. J'ai une pensée pour ce petit ange qui s'est envolé... puis une pensée égoïste, un soulagement que ce ne soit pas ton petit ange.

    Injuste la vie. Injuste nos propres coeurs.

    Si dur d'accepter tout ça...

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  2. @Gen: J'avoue que j'ai eu cette pensée égoïste aussi; réflexe humain dont nous ne sommes pas fières, mais qu'on ne peut éviter...

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  3. Ouf! En lisant ça, j'ai envie d'embrasser mes enfants et de les serrer contre mon coeur... Eh oui! On ne peut pas s'empêcher d'avoir cette pensée égoïste, de se réjouir quelque part que ce ne soit pas l'un des nôtres... Et tout de suite, on se reprend, on pense à ces pauvres parents qui souffrent... Toutes ces injustices qui ne trouveront sûrement jamais de réponse...

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  4. @Isa: C'est vrai que ça nous fait drôlement apprécier le fait que nos enfants soient près de nous... en vie...

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